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Les chimistes élaborant les matériaux

 

Oxydes, sulfures, phosphates de métaux de transition

Au cours des dernières décennies, les percées les plus marquantes dans le domaine de la matière condensée - comme par exemple, la supraconductivité à haute température dans les cuprates ou la magnéto-résistance géante dans les manganites — ont été réalisées sur de nouveaux oxydes de métaux de transition montrant des corrélations électroniques fortes. Ces découvertes ont généré un effort de recherche sans précédent autour des composés de métaux de transition, connus et nouveaux, ce qui a permis la mise en évidence de propriétés originales et l’orientation de la recherche vers de nouvelles directions. La compréhension des mécanismes présidant aux propriétés observées est cruciale pour l’interprétation des observations. Elle nécessite tout d’abord de travailler sur des échantillons parfaitement maîtrisés et caractérisés, à l’échelle globale comme à l’échelle locale, et sur les composés les mieux adaptés.

Les nouveaux matériaux jouent ainsi un rôle central dans l’exploration des problèmes fondamentaux à la frontière de la connaissance actuelle des systèmes corrélés, soit par la découvertes de nouvelles propriétés et problématiques, soit par la recherche de systèmes idéaux pour l’étude de propriétés particulières.

Ainsi, à coté de la recherche de matériaux supraconducteurs non conventionnels, de composés idéaux magnétiquement frustrés, la recherche de matériaux fortement corrélés s’oriente vers les systèmes complexes dans lesquels plusieurs interactions physiques (spin, charge, réseau, orbitale) sont simultanément présentes ce qui peut entraîner une compétition entre états fondamentaux ou permettre un couplage entre paramètres d’ordre.

Parmi les progrès récents en matière de synthèse, on peut mentionner la maîtrise de la croissance de multicouches permettant de produire des structures artificielles à l’échelle atomique. Dans le domaine de la chimie organique, la croissance de cristaux et de couches minces par électrocristallisation ouvre la voix à un vaste champ d’étude encore peu exploré dans ces matériaux. Un domaine en pleine expansion est sans nul doute celui des hautes pressions. On a vu l’importance de la synthèse haute pression pour les supraconducteurs à haute . Les techniques développées à l’heure actuelle, couplées à des mesures physico-chimiques ou de diffraction in situ, permettent d’accéder non seulement à des céramiques de volumes importants, mais aussi à des monocristaux.

La communauté des chimistes du solide française est l’une des plus actives du monde. Elle compte de nombreux groupes s’intéressant aux oxydes, chalcogénures et phosphates d’éléments de transition présentant des corrélations fortes. Nous pouvons citer par exemple :

  • Les oxydes et phosphates de vanadium pour l’étude de la transition métal isolant et le magnétisme quantique.
  • Les oxydes de nickel pour l’ordre de charge
  • Les oxydes de cobalt pour les propriétés thermoélectriques
  • Les oxydes de cuivre et de chrome pour le magnétisme quantique
  • Les oxydes de manganèse pour la magnéto-résistance et les propriétés multiferroiques
  • Les chalcogénures d’éléments de transition proches de la transition métal isolant et les effets magnétocapacitifs.

La communauté française des chimistes du solide s’est par contre assez peu investie dans la synthèse de systèmes à fermions lourds dans lesquels les effets de corrélation sont particulièrement exacerbés et donnent lieu à des effets spectaculaires. Peut-être est-ce parce que ces systèmes ne sont pas aussi directement pertinents pour les applications, il est néanmoins regrettable que dans ce cas particuliers, les nouveau matériaux soient plutôt issus de laboratoires étrangers, japonais ou américains. Un des objectifs de ce GDR sera de motiver une partie de la communauté des chimistes du solide à s’intéresser à cette famille particulière de matériaux en promouvant la rencontre avec les physiciens et théoriciens.

La recherche de nouveaux matériaux continuera donc d’offrir des systèmes complexes présentant de nouvelles propriétés et fonctionnalités originales. L’étude de ces propriétés menée en couplage fort avec la communauté des physiciens et théoriciens devrait en outre permettre de repousser les limites actuelles de la connaissance des systèmes présentant des corrélations électroniques fortes.


Matériaux moléculaires

Les matériaux moléculaires sont construits à partir de briques moléculaires dont l’organisation dans le solide gouverne les propriétés. Ces dernières résultent en effet de l’efficacité des interactions inter-moléculaires directement liée au mode d’organisation. Après une période principalement consacrée à la recherche de systèmes mono-propriétés (conductivité, magnétisme, optique), les travaux sont aujourd’hui orientés vers la combinaison de ces propriétés. L’objectif est de réunir dans un même composé des briques apportant chacune une propriété distincte. Les modes d’interactions entre ces briques permettent d’envisager l’ajout des propriétés, ou mieux, une synergie entre ces propriétés. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de comprendre les modes d’interactions inter-moléculaires. Ceci n’est possible qu’au travers d’une collaboration étroite entre les chimistes élaborateurs des briques moléculaires et des matériaux résultants, les physiciens qui mettent en évidence les propriétés des matériaux produits et les théoriciens qui, en exploitant les informations glanées par les premiers, aident à la compréhension des phénomènes observés et permettent aux chimistes d’orienter la conception de nouvelles briques.

Par ailleurs, l’intégration des matériaux moléculaires dans les composants électroniques passe obligatoirement par leur mise en forme. La France est bien placée au niveau international dans ce domaine. L’application de techniques d’élaboration telles que la CVD (dépôt chimique à partir d’une phase gazeuse) le dépôt électrolytique, les dip- et spin-coating, a permis de préparer des films micro ou nano-structurés de matériaux moléculaires dont les propriétés, souvent inattendues par apport à celles connues sur monocristaux (supraconductivité, aimantation à température ambiante...), indiquent que la mise en forme conduit à des systèmes qu’il convient de considérer comme nouveaux. L’étude approfondie de la relation morphologie-propriétés de ces nouveaux matériaux est donc indispensable.

Parmi les travaux menés par la communauté chimiste des matériaux moléculaires, on trouve les matériaux multipropriétés suivants :

  • Les systèmes unimoléculaires. Ils associent par liaison covalente une brique magnétique métallo-organique à une brique conductrice organique.
  • Les systèmes bimoléculaires. Ils peuvent contenir des briques de plusieurs familles chimiques.
  • Les systèmes hybrides. Un intérêt croissant est porté à l’utilisation de structures inorganiques lamellaires comme hôtes de briques organiques ou métallo-organiques. Ces systèmes offrent des avantages liés aux propriétés de robustesse de la matrice inorganiques. Les contraintes imposées par la structure hôte offrent des possibilités d’interactions efficaces avec la brique insérée.

Les propriétés recherchées couvrent les domaines de la conductivité électrique, du magnétisme et de l’optique.


Le réseau CRISTECH de la Mission Ressources et Compétences Technologiques (MRCT/CNRS)

Au delà de la synthèse de nouvelles phases, les études précises des propriétés physiques nécessitent souvent d’avoir les matériaux sous forme de monocristaux. La cristallogénèse est un domaine de compétence en soi et le présent GDR s’appuiera sur le réseau CRISTECH de la mission ressources et compétences technologiques du CNRS.

En effet ce réseau, au delà de sa mission de fédération des compétences et de sauvegarde des savoirs faire développe des thématiques dont une grande partie est partie intégrante du GDR. Citons :

  • les cristaux pour l’étude des propriétés électroniques du solide : magnétisme, transport, supraconductivité...
  • les cristaux moléculaires
  • les cristaux de nouveaux matériaux pour études structurales